mardi 20 juillet 2010

Soirée in Miami [continued]

Je continue à lui demander gentiment deux minutes, mais il n’a pas l’air cool en fait. Il fait semblant de m’ignorer cet espèce de petit Porto-Ricain de merde, avec sa casquette minable des Yankees. Il change un vinyl, bidouille trois boutons, des LEDs clignotent c’est Noël. Il veut me faire croire qu’il ne comprend pas l’anglais, je me rends bien compte de son petit jeu.
Il m’emmerde, je lui gueule dessus en français, ce cuistre a bien dû en faire un peu dans son école pourrie de banlieue d’Orlando ou de San Juan. Il me dégoûte ce Chiquito, le client est roi aux US, connard !
”Ohhh man, pas la peine de m’ignorer tu sais, je vois bien que je suis là ! Et toi aussi ! C’est Edouard. Edward, Eddy, merde ! ! ! Je viens de Paris pour t’écouter, et toi tu ne me laisses même pas tourner les platines deux minutes ? Laisse-moi tourner les platines mec !”
Il me jette un regard méchant, je le vois dire un mot à un type à côté de lui qui acquiesce et s’en va.
”Laisse tomber Edouard, ça marchera pas.” me glisse Giuseppe. Je le sens gêné, j’ai l’impression qu’il veut me faire partir pour aller picoler ailleurs. Ou alors il veut aider le DJ à se débarasser de moi.
”Putain mais si c’est bon, il va me laisser un morceau. T’inquiète, je gère.
- En plus t’y connais rien, tu vas faire de la merde c’est tout. T’es pas chez tes potes dans un caveau du VIime ici.
- Je veux m’amuser un peu c’est tout, sois cool Giuse !”
Je commence à me calmer un peu. Giuseppe me file un autre verre, ouahhh trop top, tout rose qui scintille. A moins que ce ne soit la lumière noire qui donne ce reflet bizarre. Un jus de cranberry ou du sang de cochon vierge égorgé un jour de pleine lune ? Il y a une sorte de voile translucide dans le verre, d’ailleurs de la fumée en sort. En fait il y a même de la fumée partout, ça fait pshhhiiittt, je ne vois plus mes pieds, je plane sur un nuage. Il y a tout un tas de lasers verts qui font un plancher à la hauteur de mes genoux, j’ai l’impression que ca monte. Wooohhoo.

Je me rappelle quand même que la musique aurait besoin que je l’aide un peu, ça manque de beats bien lourds. Je profite du départ de Giuseppe pour les chiottes pour retourner vers le DJ. Deux fans de ce merdeux, habillés en noir, carrures de gorilles, se tiennent à côté de lui. Ils ont vraiment un look de merde les pauvres. Esthétisme presque gothique, ca pourrait le faire à la Marilyn Manson, mais non. Grosses moustaches qui cassent le look. Mains sur le ceinturon. Matraque qui a presque l’air vraie.

A peine approché du DJ (je voulais lui faire un bisou, pour le persuader enfin), un des molosses laisse tomber sa grosse patte velue sur mon épaule. Je sens ses phalanges dodues me serrer fermement, ses lèvres s’animent, incroyable. Sur le coup, je suis surpris, je ne pensais pas qu’une telle créature puisse parler. Houah, je suis impressionné, quel bond de l’évolution, clac comme ça, devant moi, un gorille qui parle. Mal mais on comprend. Il marmonne quelque chose sur mes droits, sur un règlement de la boîte sur le DJ qui a besoin de calme. Il m’emmerde.
Je le lui dis, pour pas qu’il y ait d’incompréhension entre nous, j’essaye d’être franc. Il réagit mal, il se crispe sur mon épaule je crois. Fait chier. Dans le doute et parce qu’il a une bonne tête, je lui balance une droite dans le bide, comme dans les films. A la Rocky Balboa. Le problème, c’est que mes bras remplis de fromage blanc n’ont pas exactement la force nécessaire pour atteindre ce vigile gros lard. J’aurais dû viser les couilles plutôt. Cela ne le fait même pas sourire. Mon poing rebondit mollement sur son ventre, rebondi lui aussi. Il a l’air toujours aussi déterminé et toujours aussi con. Par contre il n’a pas vraiment l’air de souffrir de mon coup surpuissant.
Je ne vois même plus le DJ qui a dû se planquer ce lâche. L’autre primate en noir me prend un bras, me le tord et claque une paire de menottes quand je commence à brailler pour appeler mes potes. Giuuuuse! ! ! ! Gros con de flic !
Je finis la soirée au poste, un peu caboché. Ces connards m’ont explosé le bras droit. La sécu de la boîte m’a livré aux vrais flics. On me jette directement dans une petite cellule très chic. Béton gris et barreaux verts. Une pute est en train de dormir dans son vomi, ça me file la nausée.
J’irais bien gerber dans le lavabo mais je crois qu’il est déjà bouché. Je me trouve un banc en bois et une couverture me sert d’oreiller. C’est calme maintenant, il n’y a plus de fumée ni de beat.
La nuit se finit doucement, bercée par les cris des sirènes et les rires gras des cops se racontant des blagues. Un épisode de 24h crépite sur une télé plasma. Je m’endors d’un sommeil de bébé.
Je suis réveillé vers huit heures le lendemain, un marteau-piqueur me défonce la tête. Ils ont l’air de vouloir me relâcher. J’implore le policeman de me donner un tirage de ma photo en
malfrat, celle de face et de profil avec une pancarte et un numéro dessus. Le mug shot comme ils disent ici. Il comprend pas, mais il accepte. Je l’encadrerai, c’est énorme, comme Paris Hilton ! La boîte a sans doute payé une caution, je ne sais pas, ça marche comme ça chez Uncle Sam. En tout cas on me refile mon portefeuille (tiens ils me l’avaient piqué ?), ils l’avaient mis dans un sac plastique zippé bien propre. Giuseppe m’attend à l’accueil, il éclate de rire en voyant ma tête de brigand mal rasé. J’aimerais bien embrasser mon policeman favori avant de partir, je l’adore avec ses grosses moustaches : ”Just one kiss mister the policeman, pleaaase one kiss” mais il refuse, ce gros redneck. Peut-être même que c’est interdit ici, se faire des bisous entre garçons, on ne sait jamais. Avec mon jean slim et mes fringues de frenchy, il doit me prendre pour un sale faggot sans aucun doute. J’éclate de rire en voyant sa mine inquiète, ciao Miami that was fun !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire